Ce film retrace le parcours d'une famille américaine pendant la grande dépression des années 30, qui fait suite à la crise économique de 1929.
Extrait du film 1: La destruction de la maison.
Tom Joad sort de prison et rentre à la ferme familiale, qui a été désertée.
Il rencontre Jim Casy, un prédicateur.
La nuit venue, Tom inspecte la maison abandonnée de ses parents avec une bougie.
La lumière de la bougie éclaire seulement une partie du visage de Tom, et sa main, en contre-jour.
Ainsi, la lumière souligne l'expression de surprise, et l'inquiétude de Tom.
Tout le reste de l'image est plongée dans l'ombre.
Ainsi, Tom apparaît isolé dans l'image -comme dans le récit: il se retrouve seul, sa famille est partie.
Le puissant clair-obscur qui dramatise cette scène nocturne, rappelle les œuvres du caravagisme du 17ème siècle.
Ce courant pictural, initié par CARAVAGE, montrait souvent des scènes nocturnes, éclairées à la bougie, dans des scènes de genre au « réalisme » cru, qui dépeignaient la misère du peuple (cependant,il conviendrait d'employer le terme "naturalisme", plutôt que "réalisme", qui désigne un courant pictural du 19ème siècle).
C’est le cas dans les œuvres de Georges de la Tour (fig. 1) ou des frères Le Nain (fig. 2).
Figure 1:Georges DE LA TOUR, Saint Joseph charpentier, 1643, Musée du Louvre.
Figure 2: Frères LE NAIN, Le repas des paysans, XVII siècle, Musée du Louvre
Tom entend un bruit et découvre un vagabond, Muley, qui lui raconte son expropriation, et la destruction de sa maison. Il s’ensuit un fondu enchaîné qui nous entraîne dans ses souvenirs : c’est un « flash-back ».
Un plan rapproché montre le fermier qui menace le conducteur de l’engin qui vient détruire sa maison. Un panoramique suit le mouvement du véhicule qui écrase la maison, et la caméra s’attarde sur les ombres portées des fermiers, immobiles, qui assistent, impuissants, à la destruction de leur foyer.
La pelleteuse s’éloigne et un nouveau panoramique insiste sur l’attitude des fermiers, baissant les bras, et leurs ombres portées. Ce jeu d’ombres portées rappelle le cinéma expressionniste des années 20.
Ce plan semble nous dire que les fermiers, ruinés, impuissants, ne sont plus que "l'ombre d'eux-même".
Le plan des ombres portées (les « fantômes ») se fond dans le visage de Muley dans un fondu enchaîné, c'est un retour au présent. Le présent de la narration, nous suivons son point de vue.
Le visage de Muley est éclairé en clair-obscur, le visage à moitié caché dans la nuit. La nuit, qui évoque ici, dans la tradition du clair-obscur caravagesque, un espace inquiétant, peuplé de fantômes et hanté par les forces du mal. Il est plongé dans « les ténèbres » et répète désespérément :« J’suis rien qu’un vieux fantôme de cimetière ».
Extrait du film 1:
Les raisins de la colère 1
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Le clair-obscur, hérité du Caravage et du cinéma expressionniste, est également très perceptible dans l'extrait 2, où un migrant raconte son expérience malheureuse en Californie.
Là encore, le puissant contraste entre l'ombre et la lumière durcit les traits des acteurs et allonge les ombres portées. Des "ténèbres" profondes enveloppent les personnages qui semblent toujours sur le point de disparaître. Le clair-obscur met en scène leur disparition.
John Ford, célèbre pour ses westerns, inverse les valeurs qui faisaient la gloire de la conquête de l'ouest. Le mot d'ordre: "Go west", qui résumait à lui seul la mythologie du western, est bouleversé dans cette séquence. Le fermier ruiné raconte à ses compagnons, habillés comme des cow-boys, chapeau sur la tête (référence au western), que sa "conquête de l'ouest" (la Californie) s'est soldée par un échec et une fin tragique.
Extrait du film 2:
Les raisins de la colère 3
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Quelques associations d'idées autour du film, dans une carte heuristique, cliquer sur la flèche pour voir le diaporama, ou sur l'icône Prezi pour accéder au site ou aller sur le lien suivant:
http://prezi.com/jk9lwf8bm5zq/john-ford-les-raisins-de-la-colere-1940/
Une petite frise historique interactive, pour restituer le contexte:
http://timerime.com/en/event/570913/Dorotha+LANGE+mre+migrante/